Histoire du bourg
Depuis Grenoble, la route qui conduit au Montgenèvre est l’itinéraire le plus court pour se rendre en Italie. Cet axe a, depuis l’antiquité, fait de la route dite aujourd’hui « du Lautaret « un enjeu important. Au lendemain de la soumission des Ucenii au 1er siècle avant JC, les romains s’attachèrent à développer un axe de communication au cœur de cette région. Le chemin de Rochetaillée (voie taillée dans la roche) sur la commune du Bourg d’Oisans atteste de l’existence d’une voie romaine. Tout au long de l’époque moderne, cet axe fut une grande route militaire et notamment la voie préférée pour le passage de l’infanterie et de l’artillerie légère. Un épisode historique original met en relief l’importance de ce passage (par la vallée du Ferrand à la Savoie) qui fut, au lendemain de la Révocation de l’Edit de Nantes, une des portes de sortie hors du royaume des protestants persécutés.
Le bassin du Bourg d’Oisans est très caractéristique du travail d’érosion et d’accumulation réalisé à la fin de l’ère tertiaire et au quaternaire par les eaux des glaciers qui ont profondément disséqué le volume montagneux réduit à un réseau de crêtes, dominant des cirques et les parois raides des vallées, riches en éboulis et pauvres en sol.
Au Moyen-Âge la plaine du Bourg d’Oisans est recouverte d’un lac inondant l’ancienne cité St Laurent du lac. Le Bourg s’était alors installé sur le bord d’un étroit cône de déjection, hors des atteintes de l’eau. Depuis, chaque année, les habitants du village se retrouvent pour fêter la St Laurent, hommage rendu à l’existence de l’ancien lac.
L’extraction de l’ardoise relevait d’une tradition ancienne du moyen âge. L’or noir était une ressource complémentaire l’hiver pour la population uissane. Les plus connues sont les mines de fer d’Articol, d’or de la Gardette, mais aussi d’argent, de plomb, de talc, de charbon ou encore de cristal de roche. Les cristaux extraits des mines de la Gardette ont été utilisés pour la fabrication des lustres du château de Versailles. Aujourd’hui le musée des minéraux témoigne de toute cette richesse minéralogique.
De tous temps, les voyageurs traversant ces montagnes d’Oisans eurent recours à des gens du pays pour leur ouvrir les passages, les prémunir des dangers, leur montrer le chemin. L’activité paysanne devient alors complémentaire après avoir été principale.
Les colporteurs, activité hivernale imprégnée par la tradition familiale qui répond à des impératifs économiques et sociaux. Tels des oiseaux migrateurs, les colporteurs de l’Oisans marquaient par leurs passages réguliers à l’automne et au printemps, le début et la fin de morte saison. Parcourant de vastes régions à pied, ils vendaient des produits locaux, notamment des bulbes de fleurs des Alpes. L’un d’eux, Veyrat de Venosc, devint le fleuriste du Tsar de Russie et fit fortune à Moscou.
Le Bourg d’Oisans est resté en dehors de la grande industrie. Au début du 19ème siècle une petite fabrique de toile de coton s’installe, puis en 1884 une filature de soie sous la cascade de la Sarenne. L’entrée dans l’ère industrielle intervient eu début du 20ème siècle avec l’extraordinaire développement de l’hydroélectricité.
L’identité uissane forgée au Moyen Âge a su cultiver au fil des générations des caractères originaux. Son patrimoine : les chalets d’alpage, les maisons les plus modestes, moulins et fours à pains, les innombrables chapelles et oratoires, les vestiges d’une industrie précoce retiennent l’attention de nos contemporains.